MANOLO YANES: PEINTRE DE LA TRANSCENDANCE

Sylvie Darreau


Les maîtres du Quattrocento et ceux du XXe siècle jalonnent la réflexion et le parcours pictural de Manolo Yanes. Il les a assimilés dans son œuvre parvenue à maturité. Assimilation qui lui permet de créer un univers à part entière à la symbolique très forte.
Né à Santa Cruz de Ténérife (Îles des Canaries) en 1957, il est viscéralement habité par la mythologie grecque, dont il décline tous les thèmes étonnamment proches du quotidien des hommes et en même temps de l’inconscient humain. Sa peinture se situe à la même charnière que la psychanalyse, sauf que ce sont des images au lieu des mots qui explorent ce questionnement fondamental de nos origines à travers la mythologie grecque.
Mythologie dont il s’est sans nul doute imprégné lors de ses études de Géographie et d’Histoire à l’Université de La Laguna à Ténérife, puis de dessin et de peinture à l’Ecole des Beaux Arts, Santa Cruz de Ténérife.
L’autre source d’inspiration est le surréalisme auquel Manolo Yanes fait toujours référence comme en un clin d’œil à l’esprit de ses maîtres.
Dans ses derniers travaux (Pastorale, Pothos, Hortus conclusus), il prend clairement son envol, en faisant siennes toutes les références passées, à travers la création minutieuse d’un cadre récurrent qui ouvre le champ d’une transcendance spectaculaire.
C’est sans doute là la clé d’entrée dans l’œuvre de Manolo Yanes : la recherche incessante d’une transcendance par l’expression picturale de la beauté charnelle.
Une fois adopté un thème qui le hante, Manolo Yanes le décline en autant de toiles qui forment une série dont la totalité exprimera l’idée initiale, dans toute sa splendeur, juste avant épuisement de la source d’inspiration.
Une fois conçus les dessins de chaque toile, tel un démiurge façonnant le squelette des êtres, Manolo Yanes place sur les toiles des alignements de points en arcs de cercle et verticales, évoquant une mystérieuse géométrie symbolique, qui offre une voûte céleste à ses personnages en quête d’absolu et ouvre sur le silence des espaces infinis.
C’est dans ce cadre strict, que l’artiste donne vie aux différentes scènes, exprimant la liberté de ses couleurs, donnant du relief et de la matière à ses toiles.
C’est dans ce cadre, que se raconte l’histoire de nos origines, se dit la sensualité des corps, s’exprime aussi le monde contemporain matérialiste.
Dans la série intitulée Pothos, la mise en scène de chaque tableau est aussi répliquée à l’identique avec la présence d’un personnage de la mythologie associé à un objet du monde moderne qui fait écho à son histoire.
Association qui rend ludique la lecture du tableau.
Autre thématique ludique traitée de la même manière : la création d’un espace onirique et en même temps hyperréaliste autour d’Alice en son pays des merveilles, sublimée en un magnifique triptyque.
L’univers de Manolo Yanes constitue un raccourci saisissant de Fra Angelico à Dali avec à la clé, la création et la maîtrise de couleurs très spécifiques – au ton pastel avec des touches presque fluorescentes.
Au-delà des thèmes mythologiques, ses couleurs montrent un continuum où l’on reconnaît la perfection de son style.
Dans sa recherche obstinée de la beauté, l’œuvre de Manolo Yanes vise une transcendance où l’intemporalité et la richesse des références offrent au regard des autres le plaisir d’une découverte tant intellectuelle que sensuelle. Sylvie Darreau, Urrugne, le 1er juillet 2009

Urrugne, le 1er juillet 2009

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